Durant le week-end des 12 et 13 mars, les niveaux de particules ont dépassé les seuils réglementaires de 50 µg/m3 en moyenne journalière sur les villes de Marseille et de Marignane. Les teneurs prévues et constatées ont conduit au déclenchement d’une information recommandation aux particules sur les Bouches-du-Rhône le 13 mars. Les niveaux de particules enregistrés en moyenne journalière le 12/03 :
- En zone industrielle à Marignane : 58 µg/m3
- En zone urbaine à Marseille : 52 µg/m3
- En zone rurale à Observatoire de Haute Provence : 22 µg/m3 (2 fois plus important par rapport à la situation habituelle).
Expertise
Cette pollution particulaire semble provenir de sources locales auxquelles s’est ajouté un transport de particules à grande échelle. La figure ci-dessous présente schématiquement les 3 sources possibles de particules (PM10) pour cet épisode.
- Les sources locales (industrie, trafic routier, chauffage)
- Un transport de grande échelle de secteur Nord
- Un transport de grande échelle de secteur Est (Italie)
De l’importance de l’échelle transfrontalière
En la matière, concernant les particules, Air PACA participe à des programmes de coopération internationaux, comme les projets AERA et, dans sa continuité, SHAIR. Ces projets de coopération transfrontalière franco-italienne visent à répondre aux questions encore récentes des ministères italiens et français sur les origines et les responsabilités de la pollution particulaire.
EN SAVOIR PLUS
Le printemps : une saison « particulaire »
Ailleurs en France, on observe pour la même période, des épisodes de pollution particulaire. L’ensemble des sources de polluants atmosphériques d’origine humaine est concerné : trafic routier et non routier, chauffage résidentiel, industrie mais aussi les activités agricoles intensifiées en Europe de l’Ouest à cette période de l’année (du fait de l’épandage des engrais azotés). Les composés chimiques gazeux et particulaires émis par ces activités se combinent par réaction chimique. Ils forment des particules dites « secondaires » par opposition aux particules « primaires » émises directement dans l’atmosphère. Elles sont de différentes tailles. Elles peuvent perdurer dans l’atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi se transporter sur de longues distances (plusieurs centaines voire milliers de kilomètres).
Cet évènement constitue un exemple de mélange complexe de sources locales et exogènes à la pollution particulaire et pose la question de leurs quantifications réciproques. Il souligne l’intérêt de disposer de nouvelles techniques de surveillance ainsi que de disposer d’informations à tous les échelons, du local au transfrontalier.
L’OHP : une aide précieuse pour l’identification des transports à grande échelle
La météorologie synoptique indique pour le 12 mars un vent de nord en provenance de la vallée du Rhône, faiblissant au niveau de l’est des Bouches-du-Rhône. En amont de ce territoire, la station de l’Observatoire de Haute Provence, sentinelle des apports exogènes en zone rurale, montre une élévation moyenne inhabituelle de ses niveaux de particules. Les retro trajectoires de vents indiquent une possible masse d’air en provenance de l’Italie, avec un passage sur la vallée de Rhône.
Vers une nouvelle surveillance en PACA
Air PACA s’est dotée récemment de nouveaux types d’analyseurs : Aéthalomètres (AE 33) et granulomètres.
L’AE 33 permet l’analyse du carbone élémentaire. Autrement dénommé « fumées noires » ou « black carbon » selon les méthodes d’analyse, il est généré par une combustion incomplète et provient principalement du trafic automobile, du chauffage, des centrales thermiques. L’AE33 permet de différencier la combustion provenant du trafic de celle du brûlage bois. Trois de ces analyseurs sont aujourd’hui positionnés à Port-de-Bouc, Marseille Cinq avenues et à Nice Arson. Dans le cas de l’épisode des 12 et 13 mars, celui de Marseille nous permet de supposer qu’environ un tiers des PM10 serait dû aux brulages bois et au trafic routier.
Le granulomètre : un analyseur permet d’obtenir la distribution en taille de 6 classes différentes :
- CH1 : 20-30 nm
- CH2 : 30-50 nm
- CH3 : 50-70 nm
- CH4 : 70-100 nm
- CH5 : 100-200 nm
- CH6 : 200-1000 nm
Deux de ces analyseurs sont aujourd’hui positionnés à Port-de-Bouc et à Marseille Cinq Avenues.
Celui de Marseille Cinq Avenues souligne une élévation inhabituelle du nombre de particules ultra fines (diamètre <1 µm) dans la nuit du 12 au 13 mars. Cette élévation est concomitante aux pics de particules en PM10 et PM2.5.
L’ACSM, un analyseur d’avenir : Air PACA envisage de se doter d’un analyseur permettant l’identification en temps réel de la composition chimique des particules. Ce dernier permettrait l’accès aux concentrations exactes des espèces chimiques présentes dans les PM10 et PM2.5. Il permettrait l’analyse complète de toute situation de pollution particulaire.