Chronique
15 janvier 2016
Santé, économie et social
Coopérations

Air & santé, relations sous surveillance

conseil scientifique
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Air PACA s’est doté d’un Conseil Scientifique, qui vient de se réunir. Optimiser les projets de recherche, apporter un avis éclairé et contribuer à la culture scientifique des personnels, tels sont ses rôles, selon son co-président, Yves Noack, directeur de recherche au Cerege et directeur de l’Observatoire Hommes Milieux du Bassin Minier de Provence.

Yves Noack, vous assurez la présidence du Conseil Scientifique d’Air PACA. A quoi sert ce « conseil » ?

Il a été créé en 2013, et il fait entrer dans les statuts de cette association de surveillance de la qualité de l’air une pratique déjà très établie. Air PACA travaille depuis longtemps avec des laboratoires de recherche scientifique en Provence. Cette collaboration qui relevait du « coup par coup » devient ainsi constante, et la Recherche est désormais représentée régulièrement au conseil d’administration d’Air PACA.

L’intérêt est multiple. D’une part les scientifiques donnent un avis aux membres du CA d’Air PACA, par exemple sur les orientations de la surveillance de l’air. Ils apportent  une dimension différente aux projets de  recherche que forme  Air PACA. Il s’agit là d’optimiser ces projets, d’en augmenter les effets. Et puis, les scientifiques associés participeront également à la formation des équipes techniques d’Air PACA. Celles-ci auront ainsi l’opportunité d’élargir leur perception et leurs connaissances des problématiques induites par la qualité de l’air.

Seuls les chercheurs composent  ce Conseil Scientifique. Il ne sera pas le lieu de conflits d’intérêts, par exemple entre bureaux d’études ou associations. Enfin, il est représentatif de la diversité des disciplines mais aussi des territoires, puisque ses membres viennent tout autant de Nice, Toulon ou Marseille, et de leurs régions.

En décembre dernier vous avez tenu votre seconde réunion. Que s’y est-il passé ?

Nous nous sommes préoccupés des relations entre air et santé, mais aussi du coût économique de leur impact sanitaire.

Laurence Pascal, de l’Institut National de Veille Sanitaire, à Marseille, nous a rendu compte d’études nationales sur l’impact de l’air pollué sur la santé humaine. Nous ne disposons pas d’étude proprement provençale, mais la vaste enquête européenne, Aphekom(1) portant sur 25 villes européennes, s’est intéressée à Marseille. Elle a pu démontrer qu’une baisse du niveau des concentrations de particules fines (PM2.5) dans l’air au niveau préconisé par l’Organisation Mondiale de la Santé,se traduirait en espérance de vie supplémentaire. Huit mois ! Ce n’est pas rien…

Olivier Chanel, un économiste du Greqam, nous a, lui, rendu compte d’études sur le coût de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique. Il est bien sûr possible de mesurer dès à présent le coût d’une mesure demandée par le préfet quand le niveau de pollution promet d’être haut. S’il demande à une entreprise polluante d’utiliser un carburant moins soufré, mais plus cher, ou de réduire son activité, le montant de la facture est vite connu.

Plus compliqué est d’attribuer une valeur quantifiable à la qualité de vie. C’est ce à quoi s’emploie ce chercheur et d’autres avec lui. Toujours à partir de l’étude Aphekom, il a mis en évidence le coût des affections chroniques dues à la pollution atmosphérique. Le coût immédiat pour les asthmatiques de moins de dix-sept ans, et pour les coronariens de plus de 65 ans est de 500 000€. En gros c’est le prix des médicaments. Mais en chiffrant le coût à long terme des maladies chroniques, comme par exemple les arrêts de travail, la même étude établit la facture, pour la société, à 330 millions d’euros.

On peut en déduire que la prévention paie.