Chronique
18 mars 2016
Odeurs et bruit
Bois et déchets verts

Du déchet vert à la fumée grise

Photo brulage cap d'ail
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Bien qu’interdit, le brûlage des déchets verts reste une pratique commune très polluante. Des alternatives existent pourtant presque toujours.

« Bien sûr nous commençons par informer aimablement le contrevenant. Cela suffit presque toujours. Mais la récidive lui vaudra une amende de classe 3, pour 450€ ». Le chef du poste de la Police Municipale de La Seyne sort ses statistiques pour 2015 : 47 interventions dans cette commune de 65 000 habitants, pour 28 brûlages avérés de déchets verts. « Nous avons dressé deux PV, pour des récidivistes, tous deux des professionnels ».

Car le brûlage de déchets verts est interdit, depuis 2014. Une prohibition qui n’aura d’effets qu’avec une information soutenue du public et, ou, une certaine répression si nécessaire.

« Certains jours je ne sors pas de chez moi, mes poumons ne le supportent pas ». Maryse, à Châteaurenard (13) vit entourée d’exploitations agricoles. « Le brûlage de tout ce dont on veut se débarrasser fait partie de la culture ici, ça purifie ! » regrette cette infirmière retraitée.

C’est à tel point que le 9 février au Parlement, une question écrite, posée à la ministre de l’Ecologie, a fait réagir cette dernière. Sa réponse, dans l’hémicycle, a été claire : « le broyage sur place ou la dépose sur des sites dédiés comme les décharges sont les seules solutions autorisées pour s'en débarrasser. »

Cinquante kilos de déchets brulés = la pollution d’une auto qui roule 6000 km

En fait il existe des dérogations, mais elles sont très encadrées. Revenons à La Seyne. « Si vous êtes habilités, après demande à la Commune, vous pourriez brûler vos déchets, entre le premier et le 31 janvier, sauf si Air PACA déclare un épisode polluant » souligne Brigitte Faure, la responsable du service communal de la Prévention des Risques.

« Le brûlage des déchets verts est émetteur de nombreux polluants » rappelle Benjamin Rocher, ingénieur d’Etudes et de Modélisation à Air PACA. Entre autres joyeusetés, toute une gamme d’hydrocarbures polycycliques aromatiques et des dioxines, voyagent dans les panaches de fumées grises qui, parfois ponctuent nos campagnes.

Une étude particulière menée par Air PACA dans la vallée des Paillons, aux premiers contreforts des Alpes niçoises, le montre, parfois la pollution est importante. «  Dans cette vallée marquée par la présence d’industries polluantes, nous avons eu, en 2009, une journée durant laquelle la valeur limite, pour les particules fines, a été dépassée » relate Benjamin Rocher. « Le double de cette valeur avait été atteinte. Les analyses chimiques réalisées ont mis en évidence que la moitié des particules provenait d’un brûlage en cours de l’autre côté de la vallée. »

Des alternatives et du vivre ensemble

Le brûlage, sur le bord d’une piste forestière, de 50 kg de branchages, équivaut à la pollution dégagée par le moteur diesel d’une auto qui parcourait 6000 km, ou à trois mois du chauffage au fioul d’une villa.

« Ces brûlages sont très fréquents et il est vraiment nécessaire d’informer » soutient Béatrice, qui vit sur le littoral varois. Cette habitante a pris rendez-vous avec le maire de sa petite commune, « afin qu’il lance une réflexion et que celle-ci soit partagée dans la commune. Cela relève du vivre ensemble » et ferait du bien aux asthmatiques.

« Des systèmes de collectes et de traitement de ces déchets se mettent progressivement en place au sein des collectivités, un coup de fil suffit pour s’en informer. » rappelle Benjamin Rocher. Simple et citoyen.