Chronique
12 mai 2017
Aménagement du territoire et plans actions
Transports routiers

Jean-Pierre Serrus : « Penser les modes actifs dans tous les projets de mobilité »

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Le Vice-Président de la Métropole Aix-Marseille, délégué à la Mobilité, au Déplacement et au Transport, dispose depuis décembre 2016, avec l’Agenda de la Mobilité Métropolitaine, d’une feuille de route qui doit inverser la tendance au « tout automobile » et préparer un avenir pour un air plus sain, nous explique-t-il.

A mi-décembre la Métropole a adopté un agenda mobilité pour les quinze ans à venir. Qu’en attendez-vous ?

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Jean-Pierre Serrus

La Métropole n’a qu’un an d’existence et nous voulons déjà penser, à long terme, une Métropole puissante qui soit la porte sud de l’Europe. Une mobilité durable améliorant la qualité de l’air fait partie des objectifs.
L’Agenda de la Mobilité Métropolitaine, adopté à l’unanimité, fixe un plan d’action précis, visant à développer nos systèmes de mobilité et des solutions innovantes pour les transports.
Le choix d’un Agenda relève d’une méthode dynamique : nous fixons des axes principaux et adaptons ensuite nos actions, en fonction du développement des zones d’habitations et d’activités économiques, des bassins de vie et d’emplois, ou de nouveaux modèles de déplacement.
Notre axe principal consiste à combler le chaînon manquant du système de mobilité : celui des déplacements métropolitains. L’absence de coordination entre les anciennes autorités organisatrices de transports (le Conseil départemental et les 6 intercommunalités fusionnée), qui chacune organisait un système de déplacements, et l’absence d’investissements de l’Etat, ont fait que le problème posé par les déplacements à l’échelle du territoire reste à résoudre. En réalité, on circule mal entre Aix et Marseille, Marseille et l’aéroport, Marseille et Aubagne… Il nous manquait une vision véritablement métropolitaine des déplacements métropolitains.
Donc dès 2020 nous souhaitons disposer d’un réseau « Métroexpress », basé principalement sur des liaisons par autocars, notamment sur des voies réservées sur les autoroutes, connectées entre elles et aux réseaux de bus, de transports en commun et de TER existants, afin de bâtir une ossature de transports à l’échelle de la Métropole. L’Agenda a un avantage, il permet de travailler sur les quatre premières années de façon précise et rapide, et d’être adaptable ensuite aux évolutions.

Les difficultés de la mobilité métropolitaine viennent largement d’un étalement urbain qui condamne à la voiture. Vos efforts seront-ils conjoints à une maîtrise de l’urbanisme ?

La Métropole élabore en ce moment son projet métropolitain, qui coordonnera les plans, agendas et schémas relatifs à l’économie (ce 2ème Agenda métropolitain a été adopté en mars 2017), au logement, aux zones d’activités, etc. Elle préparera également son Scot (Schéma de COhérence Territoriale). Dans ce cadre, nous travaillons en étroite concertation avec les directeurs des Services concernés, et surtout avec des élus tels qu’Arlette Fructus (Vice-Présidente en charge de l’Habitat, du Logement et de la Politique de la Ville), Martine Vassal (Vice-Présidente en charge de la Stratégie et de l’Attractivité économique, et Présidente du Conseil départemental 13), Gérard Gazay (maire d’Aubagne, et Vice-Président chargé du Développement des entreprises, des zones d’activités, commerce et artisanat), Henri Pons (Vice-Président chargé de l’aménagement du territoire, du SCOT et du schéma d’urbanisme). Nous formons une équipe d’élus et de techniciens qui travaillons de manière coordonnée aux évolutions stratégiques et programmatiques.

Quelles sont vos initiatives en faveur des « modes doux » de déplacements ?

transport intermodal en ville

Nous nous sommes réunis début avril pour évoquer la possibilité d’enrichir notre politique en faveur des modes actifs – ou doux - que sont la pratique du vélo et de la marche. Les projets sont en cours d’élaboration et leur mise en œuvre suivra. Mais nous avons également échangé sur des projets concrets en faveur du fret : la Régie Départementale des Transports (anciennement RDT13) est devenue métropolitaine au 1er janvier 2017 et elle est habilitée à gérer le transport de marchandises, y compris sur fer. La Métropole entend désormais exercer cette compétence. Une manière de fluidifier la circulation reste d’assurer le report modal de marchandises de la route vers le rail. Il en résulterait une baisse de la pollution atmosphérique. Nous pensons notamment, avec le Grand Port Maritime de Marseille, travailler à sa connexion avec et sur le domaine portuaire.
Pour ce qui est des modes actifs, j’ai pu rencontrer fin mars la coordinatrice nationale pour le développement de la marche et de l’usage du vélo, à Marseille. Nous travaillons sur trois sujets concrets : la place de ces modes actifs dans chaque pôle d’échange multimodal et tous les projets métropolitains ; la collaboration métropolitaine à tous les projets en faveur du vélo ou de la marche dans les communes ou de la part des gestionnaires de zones d’activités ; enfin, nous soutenons les projets communaux de voies dédiées.

De la maîtrise des déplacements dépend largement le niveau de qualité de l’air. Comment celle-ci entre-t-elle dans vos préoccupations ?

Moins de moteurs thermiques = un air de meilleure qualité ! Or nous allons vers une généralisation de l’utilisation de l’électricité dans le système de transports publics. Nous avons testé, avec la Régie des Transports Métropolitains (RTM), la première ligne électrique urbaine de France. Le Bus à Haut Niveau de Service d’Aix sera très innovant, en particulier grâce à son système de recharge électrique. Nous pensons aussi à l’utilisation du gaz et biogaz. Avec Alexandre Gallese, le Vice-Président en charge du plan climat métropolitain, nous projetons d’utiliser du gaz produit par nos ordures ménagères pour faire rouler nos autocars, en particulier ceux du « Métroexpress ». Nous favorisons l’installation de bornes de recharge électrique, et l’auto-partage, à condition que celui-ci s’organise sur la base de véhicules électriques. Enfin la Métropole souhaite participer au financement de l’achat de vélos électriques par les particuliers.
94 % des déplacements métropolitains se font en auto, dans lesquelles il y a en moyenne 1,3 passager. Pour inciter les Métropolitains à optimiser l’utilisation de ces modes propres, ou mieux, pour inciter les automobilistes à laisser la voiture chez eux, offrir des solutions crédibles, fiables et attractives favorisant le report modal est un très bon ressort. Pour y arriver, tous les moyens sont bons.

Ce qui nous importe, c’est que le plan climat ne soit pas théorique, mais qu’il soit connecté avec tout ce que nous mettons en œuvre en matière de mobilité.