C’est un soupçon. Couplé avec la pollution atmosphérique, le pollen provoquerait des allergies puissantes. La surveillance des allergènes s’apprête à vivre un saut technologique. A Nice, elle s’intéresse au mode de vie des individus, et à la haute technologie.
« Allo ! Nous voudrions informer élus et services des risques d’allergie associés aux espèces florales. Nous aimerions en tenir compte pour les plantations dans les espaces publics ».
Pas bête, la démarche d’Ouest-Provence. La collectivité préfigure peut-être un bon comportement de ses homologues.
Sur le toit du siège marseillais d’Air PACA (photo ci-contre), le Réseau National de Surveillance Allergologique a installé en 2015 un capteur de pollen. Celui-ci aspire l’air et les pollens qu’il contient, en imitant la respiration humaine. Recueillis sur une bande adhésive, les pollens sont analysés chaque semaine par le RNSA, en région lyonnaise.
« Nous croisons ces données avec les prévisions météorologiques » et avec les statistiques historiques de la surveillance, explique Charlotte Sindt, la directrice du RNSA. « S’il pleuvra, nous considérons que le risque est moindre, le pollen sera mis à terre ; si c’est le mistral qui est prévu, attention ! Les allergènes seront dispersés largement ».
Des jardins botaniques de l’INRA jusqu’aux smartphones
Tous les pollens ne sont pas égaux en matière d’allergies. Le bouleau, en région méditerranéenne, ne constitue pas un problème, tant il est rare. Le cyprès en revanche ! « Mais le tilleul, l’olivier ou le platane provoquent aussi des allergies, tout comme le filao, planté sur le littoral ».
Car, si le pollen n’est pas une pollution, le risque allergique qu’il induit devrait être pris en compte par les politiques en faveur des espaces verts. Heureusement, le micocoulier, si largement planté depuis trente ans en Provence, ne semble pas allergisant. Pas encore.
La surveillance, telle que décrite par Charlotte Sindt, mobilise six capteurs en Provence : à Marseille, Aix, Avignon, Toulon, Gap, et mise sur un partenariat avec les jardins de l’INRA, à Avignon et Antibes. Elle s’apprête cependant à vivre un saut technologique.
Sur le toit du Musée d’Art Contemporain de Nice, un analyseur optique Fidas, mis au point par la société Palas, permet de donner l’état pollinique de l’air en temps réel. Nice Métropole teste le système depuis mars 2015. Couplé avec un capteur inerte, il qualifie les pollens recueillis. « Les pollens sont plus petits que les autres particules recueillies, on peut donc les isoler et en déduire la concentration de pollens dans l’air » explique la cellule communication de Nice Métropole.
Cette collectivité, en partenariat avec la société Veolia, a développé une application smartphone. Avec celle-ci, gratuite, les Niçois peuvent recevoir, toujours en temps réel, un message d’alerte personnalisé. « Ils ont noté leurs pratiques. S’ils font du sport ou pas, par exemple, ils ne sont pas sensibles de la même manière ».
Ce système, encore à l’étude, préfigure peut-être la surveillance pollinique de demain, celle qui mise sur la préservation de la santé.
Les diverses collectivités pourront aussi en tenir compte et informer le public des espèces végétales qui présentent un risque.