Chronique
7 avril 2017
Aménagement du territoire et plans actions
Transports routiers

Plus on pédale moins on appuie sur le champignon

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La Provence est en retard de quelques politiques en faveur du vélo, mais essaye de rattraper le peloton. En jeu, l’accroissement en sécurité des trajets domicile-travail, qui réduirait la présence de l’automobile. Pour y parvenir il faut des euros, mais d’abord de la cohérence dans les projets.

Selon une récente étude de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, 17,4% des travailleurs provençaux se déplacent en « modes doux » entre leur domicile et leur lieu de travail, quand ce trajet est inférieur à 5 km. Mais si on écarte les marcheurs, la part des cyclistes apparait maigrichonne : 1,3%, pas plus. Or, en moyenne française, ils seraient plutôt 1,9% à choisir le vélo, entre boulot et dodo. Et l’Agenda Mobilité de la Métropole Aix-Marseille Provence signale, lui, que seuls 0,7% des déplacements quotidiens se font en bicyclette sur son territoire.

Au sein de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les disparités de situation sont en fait probablement importantes. Mais cela l’INSEE ne le dit pas. Entre une ville étendue telle que Gap, qui crée une continuité de circuit sur toute sa longueur et espère réduire les sempiternels encombrements de son centre, et Marseille où une politique du vélo se cherche depuis vingt ans, quelle comparaison ?

« Marseille manque surtout d’une vision globale d’aménagement propice à la pratique du vélo » souligne Philippe Buffard, vice-président de Vélos en Ville, une association qui milite pour la pratique sécurisée de la bicyclette entre Etoile, Nerthe et Gineste.

Première condition pour développer, la sécurité pour le cycliste et pour son vélo

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« De rares portions, bien réalisées, sont coupées pour l’une ou l’autre raison ».

Exemple, une belle piste cyclable à deux voies le long du cheminement du tram, se voit brutalement interrompue au passage de la L2.

Le vélo, ce gêneur ! continue M. Buffard : « la loi fait obligation d’une voie dédiée pour chaque nouvelle rue ou réaménagement de rue existante. Sauf si la vitesse des autos est limitée à 30 km/h. » Un moyen de pacifier la ville qui ne serait vue que comme une contrainte par les pouvoirs publics.

Car ces zones à vitesse 30, ou même 20 km/h, « favorisent le rouler ensemble, l’apprentissage du respect de l’autre », quand les autos, effectivement, ne peuvent pas aller plus vite.

Mais dans une ville toute en collines, le Vélo à Assistance Electrique doit pouvoir se développer. Mais ces machines coûtent facilement mille euros, et on ne peut laisser hors d’un parking sécurisé. Ceux-là même qui font cruellement défaut aux cyclistes à Marseille, ailleurs aussi, souvent.

L’Agenda mobilité de la Métropole Aix-Marseille Provence lui, promet à partir de cette année, une politique générale en faveur du vélo, qui misera d’abord sur « l’apaisement », c’est dire la cohabitation entre divers types d’usagers, priés de ne pas foncer.

« L’air est une préoccupation du cycliste, qui faute de mieux supporte tout en ingurgitant plus d’air que d’autres, à cause de l’effort », regrette cependant Philippe Buffard. « Les canyons urbains que sont nos rues y gardent les polluants à hauteur de nez de cycliste » renchérit Jean-Yves Petit. Le président de la fédération pro-cycliste RAMDAM, un fervent lecteur des études d’Air PACA, est sensibilisé au problème, mais veut aussi reconnaître que des efforts publics sont réalisés.

De voies transeuropéennes en parcours locaux, la cohérence gage de succès

« Le Schéma Régional des Véloroutes et Voies Vertes a été inscrit au Contrat de Plan Etat Région, » apprécie-t-il en connaissance de cause. En 2015, alors vice-président du Conseil Régional délégué aux Transports et Déplacements, il a été un des acteurs de cette inscription.

« Les budgets sont en hausse pour créer parkings et voies cyclables. On le doit partiellement à une génération d’élus plus sensibles. Les plus anciens avaient grandi, eux, à l’ère de l’automobile reine ».

La création de voies cyclables européennes qui traversent la Provence appuie ses dires. « Elles sont une opportunité de créer des réseaux locaux de circulation des vélos au quotidien ». C’est le cas pour la première partie d’un projet de V65, qui doit rallier par le littoral la Camargue à Nice. « De Hyères à Six Fours c’est réalisé, après c’est compliqué par la densité urbaine ».

Le Département des Bouches-du-Rhône va consacrer, lui, 40 M€, pour développer son schéma directeur vélo. Celui-ci maillera les grands axes, tel Viarhôna et Eurovelo8, et les parcours locaux à développer. Un conseiller départemental, Eric le Dissès, est délégué aux Pistes Cyclables, une première à notre connaissance en Provence.

« Espérons que tous sauront jouer la cohérence pour qu’il soit possible de circuler en sécurité de chez soi au travail » souhaite Jean-Yves Petit. Chaque nouveau vélo roulant pour raisons professionnelles, sera une auto en moins sur les réseaux, des polluants en moins dans l’air ambiant.