Les particules fines ont bondi, sur les appareils de mesure d’Air PACA, au moment du grand incendie d’août. Les nouveaux équipements de mesure à Marseille ont permis de suivre à la trace les poussières du feu de forêts. Mauvaise nouvelle, elles sont si fines qu’elles traversent les tissus humains. Bonne nouvelle, le pic n’a duré que trois jours…Mais la pollution de fond, elle, demeure.
Plus c’est petit, plus le mal est grand. Ce qui est vrai des bacilles le serait-il des pollutions particulaires ? In fine, les ingénieurs et techniciens qui ont traqué les fumées des terribles incendies de forêt autour de Marseille font plus que le soupçonner.
Rappel des faits. Du dix au douze août dernier le mistral attise les flammes qui dévorent garrigues et pinèdes entre Rognac et Vitrolles, dans l’est de la région de Marseille. Et le feu s’approche de la cité phocéenne, obligeant, à sa porte, l’évacuation d’une partie des habitants des Pennes-Mirabeau.
Des vents capricieux font aussi alors traverser la grande ville portuaire par les fumées de ces incendies. « Nos capteurs de pollution ont alors enregistré une extraordinaire hausse de la concentration dans l’air des particules fines. Pour une fois nous pouvions suivre en direct l’évolution de ce phénomène » souligne Boualem Mesbah, responsable des études à Air PACA.
Les habitants déplacés, les maisons détruites, c’est l’aspect visible et dramatique du phénomène. Mais, en toile de fond, la pollution particulaire touchera une population bien plus importante.
précise Justine Gourdeau, ingénieur d’études à Air PACA. Et les poussières encore plus fines, dites PM 2,5, suivent le même chemin sur les courbes de mesures.
Dans les fumées, le carbone-suie, qui entre dans le sang
Deux appareils de mesure d’Air PACA, aux Cinq Avenues, et à l’Hôpital de la Timone, sont équipés depuis près de deux ans de systèmes de mesures des carbone-suie. Ces poussières extrêmement fines passent par les poumons, entrent dans le sang, traversent les tissus humains. Les professionnels de santé découvrent encore à peine l’étendue d’un phénomène dont on parlera de plus en plus.
Les plus fortes hausses de concentration de ce carbone-suie seront mesurées au cœur de Marseille entre 18 h le 10 août, et 5h au matin du 11. « Nous avons également effectué des mesures de granulométrie qui ont levé toute ambiguïté : les particules de carbone-suie d’environ 100 nanomètres (nanomètre = milliardième de mètre) signent bien la présence du bois brûlé » affirme Justine Gourdeau. Découvrir d’autres particules, plus fines encore, aurait été le fait de moteurs diesel.
Ces appareils recevront, en une seule heure, jusqu’à 75 000 de ces particules hyper fines dans un centimètre cube. Imaginons ce qu’il en est des poumons humains. « Tout le monde pouvait constater de visu que le feu provoquait un nuage de pollution » souligne, terre à terre, Boualem Mesbah ; « nous l’avons simplement scruté plus finement ».
Après la brève crise, demeure la pollution de fond
Pour autant, la forte pollution, qui aura imprégné des centaines de milliers de Marseillais, ne durera que trois jours. « Au regard des pollutions de fond, que la circulation automobile impose tout au long de l’année, cela peut sembler relatif » apprécie le responsable études d’Air PACA. « Nous pensions équiper nos stations marseillaises pour rendre compte d’une pollution hivernale, celle des chauffages bois. Elle pourra nous en dire plus, paradoxalement, sur ces pollutions estivales, tellement méditerranéennes, que provoquent les incendies de forêt » ajoute Justine Gourdeau.
concluent les deux professionnels. D’ailleurs, cette même station de mesures des Cinq Avenues, qui a si bien distingué les pollutions dues à l’incendie, sera bientôt équipée d’un analyseur en temps réel de la qualité chimique des particules mesurées.
Deux mois après le drame, la pollution de l’air issue des incendies est toutefois encore présente. « Les riverains se plaignent d’odeurs gênantes, et nous recherchons les composés organiques volatils qui pourraient les générer. Rassurons les habitants, les niveaux ne sont plus du tout exceptionnels, mais il est vrai, suffisants pour générer ces odeurs ».
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