La pollution de l’atmosphère est un enjeu mondial en raison du transfert de polluant par-delà les frontières et de l’importance de l’impact sur la santé publique, estimée à plus de deux millions de décès anticipés par an.
La pollution de l’air affecte l’ensemble de la population, dès les plus faibles niveaux de pollution. Ce ne sont donc pas les pics de pollutions qui entrainent les décès, mais bien l’exposition à long terme à un niveau de pollution modérée.
Que sait-on des émissions de particules dues aux navires à quai ?
Les navires sont de gros consommateurs de carburant, donc de gros émetteurs. Pour un navire de croisière moyen, la consommation de carburant est d'environ 700 l/h lorsqu'il est à quai et environ 2000 l/h lorsqu'il se déplace[1].
Les navires utilisent des carburants peu raffinés, donc plus polluants. Des règlementations spécifiques sur la nature des carburants existent dans les zones SECA (Sulphur Emission Control Area) (Manche, Baltique...) ainsi que pour les escales "longues durées" dans les ports européens. À Marseille, tous les navires passagers ont des escales de plus de 2 h. À partir de 2020, la réglementation imposera pour les tous les navires du monde entier en pleine mer et à quai une teneur en soufre de 0.5 %.
[1] Ces chiffres sont basés sur la méthodologie EMEP 2016 utilisant des données moyennes de l'ensemble de la flotte mondiale de 2010
Quel impact sur la qualité de l'air à Marseille?
Rappelons que les émissions de particules d’une cheminée de navire correspondent à une quantité de particules (en gramme) émise à la sortie de la cheminée. Les émissions sont à différencier d’une concentration de particules dans l’air qui s’exprime en microgramme par mètre cube d’air respiré. Les émissions des navires se situent en hauteur et les fumées sont chaudes ce qui permet aux panaches de se disperser sensiblement avant de retomber. Un point d'attention est toutefois à noter pour les habitations en front de mer qui peuvent être directement impactées par les fumées des navires suivant les conditions météorologiques.
Pour une ville comme Marseille, la qualité de l’air à proximité du port est bien évidemment influencée par les émissions des navires. Toutefois, la contribution de ce secteur d’activités à la pollution n'est majoritaire que dans l'enceinte du port. Ce résultat est en partie dû à la configuration de la ville avec des axes routiers majeurs à proximité du port qui ajoutent de la pollution et diminuent la part relative des émissions des navires. Sur les niveaux de fond de la ville de Marseille, la contribution aux particules issues des activités maritimes est de l'ordre de 5 %.
Les secteurs d’activité portuaires les plus pénalisants pour la qualité de l’air ont été déterminés. L’étude APICE a été réalisée sur la base des calculs des émissions du transport maritime à partir de l’inventaire des émissions polluantes, puis en utilisant des projections de développement des activités du GPMM pour les années 2020 et 2030.
La phase la plus pénalisante pour les émissions maritimes est le stationnement à quai pour tous les polluants à l’exception des émissions de NOx. Ce résultat devrait également se vérifier pour les années 2020-2030. Actuellement, l’activité « vraquier liquide » est la plus pénalisante sur le bassin ouest et devrait être remplacée par l’activité « conteneur » dans le futur. L’activité « Cargopassager » est, et sera, l’activité la plus pénalisante sur le bassin Est du port de Marseille.
Et à Nice ?
Air PACA a étudié les contributions aux émissions des différents secteurs d’activités sur le port de Nice.
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Si l’on considère l’ensemble des émissions sur la totalité de la commune de Nice, l’activité maritime représente environ 5 % des émissions de PM10 (particules inférieures à 10 µm).
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Si l’on considère l’ensemble des émissions sur le quartier du Port de Nice et de Mont Boron, l’activité maritime représente alors environ 40 % des émissions de PM10.
Ces pourcentages sont propres à la ville de Nice et à ses particularités topographiques.
A Toulon ?
Une étude de l’impact de l’activité maritime sur les niveaux de dioxyde d’azote a été menée en 2005-2006, dans le cadre du programme SYMPIC, par Air PACA et en partenariat avec Toulon Provence Métropole, la Chambre du Commerce et de l’Industrie et L’Union Européenne.
Des modélisations de panaches ont montré que dans les conditions les plus défavorables, le secteur maritime contribue entre 2 à 20 µg/m3 en ville. Sachant que les niveaux maximums horaires relevés en 2014 sont de 150 µg/m3 en situation de fond et de 170 en proximité du trafic routier.
Pour synthétiser, cette étude a montré que l’activité maritime contribue à des émissions de polluants qui, selon les conditions météorologiques, impactent les habitations à proximité des quais. Toutefois, les résultats de simulation ne prévoyaient pas de dépassement de la valeur limite dû à cette seule source.
Quelles solutions ?
Les travaux menés en collaboration avec le Grand Port Maritime de Marseille ont permis d’étudier et d’évaluer l’impact de solutions visant à l’amélioration de la qualité de l’air dans les villes portuaires.
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Branchement électrique des navires à quai
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L’activité maritime a un impact modéré sur la qualité de l’air de Marseille. La phase à quai reste cependant la plus pénalisante sur le port en termes d’émissions de polluants.
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Le branchement électrique de deux quais a été mis en place, en partenariat avec le GPMM. Il permet de supprimer les émissions des navires durant leur phase de stationnement.
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Cette mesure est inscrite dans le Plan de Protection de l’Atmosphère des Bouches-du-Rhône.
En savoir plus : Vidéo "Projet européen APICE : origine des particules dans 5 villes portuaires méditerranéennes"
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Du gaz naturel liquéfié dans les navires : une solution efficace pour l’air, le climat et la santé
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L’utilisation généralisée du gaz naturel à la place du fioul dans les moteurs des navires de croisière a été testé sur cinq ports partenaires : Barcelone, Gênes, Marseille, Venise et Thessalonique. Il permettrait une diminution significative des concentrations en dioxyde d’azote, ozone, particules, … et préserverait les populations vivant à proximité des quais.
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Parmi les scénarios évalués, cette solution serait la plus efficace pour l’air, le climat et la santé.
En savoir plus : Projet CAIMANS (Cruise and passenger ship Air quality Impact Mitigation ActioNs).
Un accompagnement des actions sur 2017 et les années à venir
Air PACA s’est rapproché ces dernières années des autorités portuaires de la ville de Toulon (Syndicat des ports, Toulon Provence Métropole, CCI des ports, Base navale) afin de proposer un accompagnement sur cette thématique.
Plus largement, Air PACA souhaite mettre en place en partenariat avec les autorités locales de gestion des ports des partenariats de suivi des enjeux de qualité de l’air et du Climat. 2017 devrait être l’année de construction d’un programme de surveillance et d’accompagnement d’Air PACA à destination des zones portuaires de la Région.