Chronique
4 août 2017
Transports maritime, aérien et ferroviaire

Impact portuaire : des améliorations en perspective pour l’air marseillais

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La règlementation pousse les compagnies maritimes à adopter l’un ou l’autre système moins polluant. Un partenariat renforcé avec Air PACA permet de mieux mesurer et de mieux modéliser l’impact portuaire sur l’air de la cité. En fin d’année, un colloque international sera organisé sur la question à Marseille.

Les activités maritimes à Marseille représentent de 5 % à plus de 10 % des émissions de dioxyde d’azote et de particules fines PM10 mesurées en ville, selon qu’il s’agisse de la zone immédiatement portuaire ou du centre de la cité phocéenne. Mesures permanentes, campagnes particulières et modélisation permettent à Air PACA d’aboutir à cette conclusion.

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« Les parts de la pollution industrielle et des transports sont plus importantes que celles provoquées par l’activité maritime à Marseille, cependant nous ne considérons pas la contribution des activités du Grand Port Maritime comme marginale » a pu souligner le directeur d’Air PACA, Dominique Robin, lors d’une conférence de presse organisée par son partenaire, le Grand Port Maritime de Marseille, le 19 mai dernier. « Le fait notable reste que le GPMM poursuit des efforts constants pour réduire sa part dans la pollution atmosphérique locale ».

GPMM et Air PACA sont partenaires depuis 2004. Ainsi le GPMM entre dans les grandes études lancées sous l’égide de l’Union Européenne et menées en pratique par Air PACA. En 2015, ce partenariat a été renforcé par une convention entre les deux entités. Depuis, le GPMM met à disposition d’Air PACA ses données annuelles concernant le trafic maritime, permettant ainsi à l’association de mieux modéliser la qualité de l’air marseillais et provençal.

Passer au GNL, à l’électricité ou au traitement des fumées, au choix…

Le Port, a expliqué sa directrice générale, Christine Cabau-Woehrel, entend anticiper les nécessités d’une réglementation environnementale plus contraignante, en offrant aux compagnies maritimes la possibilité de réduire l’impact de leurs navires sur la pollution mesurée à Marseille.

Avec une première compagnie volontaire, la Méridionale, les quais du Grand Port ont été équipés en système électrique. En Méditerranée il s’agissait d’une première. Depuis quelques mois, trois navires de cette compagnie, eux-mêmes modifiés, peuvent donc stopper complètement leurs moteurs à quai. Les aménagements, financés à hauteur de 4,4 M€ par le GPMM, des fonds de l’Union Européenne, une participation des collectivités locales et de l’Ademe, sont stratégiquement intéressants. Car d’autres volontaires suivront.

Une autre possibilité de réduire leurs émissions est ouverte aux compagnies maritimes, avec l’adjonction de systèmes de traitements de fumées, dits scrubbers, directement dans les cheminées des navires. La plupart de ferries en construction à l’heure actuelle intègrent ces systèmes dès la conception.

Enfin, le changement de carburant, donc de moteur, permet aux compagnies maritimes de renoncer au fioul lourd polluant, pour adopter le Gaz GNL, aux émissions quasi anecdotiques. Un croisiériste majeur tel que Costa commande actuellement quatre navires ainsi propulsés.

« Notre travail consiste à permettre aux compagnies de choisir leur manière de réduire leurs émissions ; à eux de déterminer l’action la plus appropriée » a résumé Christine Cabau-Woehrel.

Le principal levier d’une amélioration est aujourd’hui règlementaire. Par exemple, la teneur en soufre des carburants maritimes, qui pouvait atteindre 4,50 % avant 2012, ne pourra dépasser 0,50 % en 2020. Actuellement le maximum autorisé est de 3,50 %. Mais les navires de passagers, eux, ne peuvent dépasser 1,5 %. De plus, tout navire restant à quai plus de deux heures actuellement doit utiliser un fioul à très basse teneur en soufre, soit inférieur à 0,1 %.

Un colloque international sur les ports et la pollution atmosphérique à Marseille en 2017

Le GPMM a inauguré un système de primes aux compagnies maritimes armant des porte-conteneurs et des navires de croisière. Moins ces bateaux émettent de pollution, moins ils paient de droits de ports. A partir de 2018 ce système devrait être étendu à d’autres types de navires.

« Nous allons poursuivre notre travail d’études et de mesures et chercher à mieux connaître la distribution spatiale et l’impact des pollutions générées par les navires » souligne de son côté Dominique Robin. « Je peux aussi vous informer qu’au second semestre 2017 nous organiserons un colloque sur ces questions à Marseille ; et il aura une ampleur internationale ».

Air PACA a participé activement à divers projets européens sur la thématique des pollutions atmosphériques portuaires depuis 2010 : les vastes études Apice et Caimans, et candidate actuellement à d’autres projets de l’Union Européenne, dont Green U Plan, un plan d’action pour la qualité de l’air dans les villes en Méditerranée.