Le brûlage de déchets verts compte dans la mauvaise qualité de l’air. « Et là on peut progresser ! » souligne un des participants aux débats que vient d’organiser Air PACA dans différentes villes de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
« Vous ratissez les feuilles mortes de votre jardin, y ajoutez les branches élaguées, réunissez 50 kg de ces déchets verts, et y mettez le feu… vous polluerez l’air autant qu’une auto qui roulerait 6000 km ». Stephan Castel, d’Air PACA, a le don de mettre l’ambiance. Et ne comptez pas sur le docteur Laurence Pascal, de l’Agence Santé France, pour ramener le sourire dans l’assistance. « En fait ces particules fines passent par les poumons, traversent les tissus, entrent dans le sang, imprègnent les os ; elles affectent le développement pulmonaire des jeunes enfants, et les capacités respiratoires des plus anciens ». Génial ! On adorera respirer, après ça.
La mairie annexe de Puyricard, au nord d’Aix-en-Provence, accueillait jeudi 22 septembre, le public, pour une conférence débat d’Air PACA sur le brûlage de déchets verts. Ailleurs d’autres débats étaient organisés : Gap, Correns, Mouans-Sartoux, et Avignon. Nous sommes le lendemain du 21 septembre, Journée Nationale de la Qualité de l’Air ; un bon moment pour un éclairage, en particulier sur ce drame silencieux, le brûlage de milliers de tonnes de déchets verts.
« Ça purifie, ça évoque l’automne… » Ça affecte la santé aussi
« Relativisons ! C’est juste une pollution parmi d’autres, les fumées d’usines, les gaz d’échappement… » s’insurge un élu local, à Puyricard. « Ne culpabilisons pas ceux qui nettoient leur propriété, ils ne sont pas responsables des 42 000 morts prématurés que la pollution de l’air provoquerait en France ».
Derrière lui, un responsable associatif rétorque : « c’est vrai, mais les réglementations apportent des réponses et des résultats sont obtenus dans tous les domaines. Sauf que pour les brûlages, on n’avance pas. C’est là que des efforts peuvent être réalisés ».
Pourquoi tant de gens tiennent-ils tant à voir brûler leurs branches ? « Vous savez, l’odeur n’est pas désagréable » relate Guy Barret, le maire de Coudoux, une commune rurale du pays d’Aix. « Je connais quelqu’un qui me dit que ça évoque l’automne pour elle ; cela participe d’une ambiance « nature ».
Brûler, pour d’autres, c’est purifier. Un paradoxe, vu la quantité de poussières qui sont ainsi diffusées dans l’air. « Nos ingénieurs ont relevé, dans une vallée de l’arrière-pays niçois, tant de particules fines issues de ces brûlages, qu’elles expliquaient 45 % du pic de pollution observé un jour d’hiver de 2011 » se souvient Patricia Lozano, d’Air PACA.
Les alternatives existent, chez soi ou dans le territoire
Des excès parfaitement évitables. Certes un arrêté préfectoral régional (20/12/2013) interdit le brûlage de déchets verts entre le premier juin et le 30 septembre en Provence, comme en situation de vent supérieur à 30 km/h, et les soumet le reste du temps à dérogations des communes. Et celles-ci font dresser procès-verbaux aux contrevenants qui, parfois, écopent d’une amende de 450€. Les polices municipales veillent.
Mais réprimer sans alternatives serait inefficace et injuste. « Le compostage est une solution de proximité, et pour ce qui est du pays d’Aix, nos 19 déchetteries reçoivent ces déchets » révèle un responsable de l’Environnement du territoire. « Deux broyeurs industriels y transforment vos branchages en tout petit bois réutilisable. »
Mais tout à un coût. Dans le Pays d’Aix, 28 000 tonnes sont traitées chaque année, mais à raison de 30 € la tonne. Tant mieux pour nos enfants, mais pour le budget de la collectivité le traitement à domicile est préférable.
L’association d’insertion par l’emploi AMS (Aix Multiservices) vient sur rendez-vous, installe ses appareils et broie les grandes quantités de déchets verts des propriétés de ce territoire… tout en reconduisant vers l’emploi des publics fragiles, explique Joël Sennavoine, son directeur (http://ams-environnement.fr). « Nous regroupons les déchets, si possible secs, et en une heure nous aurons broyé 20 m3, c’est-à-dire une belle quantité ».
« Ça n’est pas rien, et il faut développer ces pratiques, y compris en milieu agricole ; car oliviers, vignes, tout est brûlé. Alors les alternatives gagnent à être connues », conclura Guy Barret.