Chronique
5 mai 2017
Outils de surveillance et information

A Gabès la transparence face à la pollution de l’air

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Air PACA favorise l’émergence d’un système de surveillance et de concertation, dans Gouvernorat de Gabès - Tunisie, en collaboration avec les acteurs locaux et l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement tunisienne (ANPE). Dans cette région côtière industrielle très polluée, le projet européen Gouv’Airnance doit amener plus qu’une amélioration, une prise en compte durable et partagée des questions d’environnement et de santé.

Avec l’aide de l’ANPE, d’Expertise France et de l’Union Européenne, « nous allons aider le Gouvernorat de Gabès à créer un système pérenne de suivi de la qualité de l’air, et à diagnostiquer celle-ci », explique Alexandre Armengaud, responsable de la coopération scientifique à Air PACA.

Gabès, cette perle côtière, qui comporte – cas unique – une oasis littorale, a vu se développer depuis trente ans, l’industrie du phosphate, avec diverses unités du Groupe Chimique Tunisien, une entreprise d’Etat qui emploie encore près de 5000 personnes sur la côte orientale tunisienne.

Mais l’activité est très polluante. Et, sur place, la population, après la Révolution de 2010, a demandé de plus en plus ouvertement une prise en compte des problèmes de santé générés par la pollution de l’air.

« Nous connaissons bien la problématique environnementale de la Tunisie, car nous travaillons avec l’Agence Tunisienne de l’Environnement depuis 2006. Là, nous intervenons à Gabès dans le cadre d’un projet européen, Gouv’airnance » précise Pierre-Charles Maria, le président d’Air PACA.

Souhait général de transparence pour un air plus sain

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Industrie à Gabès

Le directeur d’Air PACA, Dominique Robin, il revient d’une mission de quelques jours en Tunisie. Pour lui, la coopération entre son association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air et les autorités, comme la société civile de Gabès, sera un système gagnant-gagnant.

Les pollutions européennes, descendant le Rhône et traversant la Méditerranée, impactent l’Afrique du Nord. A l’inverse le « lebech », vent de Sud Est en provenant de Libye transporte chez nous les particules désertiques. « La connaissance et la collaboration avec les Tunisiens induit la recherche de solutions pour tous ».

« Les associations de Gabès attendent beaucoup de Gouv’airnance, car elles ont besoin d’informations détaillées sur la qualité de leur air. Et le Gouvernorat souhaite un réel diagnostic de la situation, ainsi qu’un système de suivi » souligne Alexandre Armengaud.

Sur place, l’ANPE déploie déjà ses propres actions, mesures, modélisations et études. Air PACA va donc, aider l’ANPE à apporter un diagnostic en trois volets aux acteurs de Gabès, avec la mise à jour de l’inventaire des polluants prégnants dans la région, deux campagnes de mesures de terrain et la mise en place d’outils de modélisation des pollutions.

En parallèle l’association provençale développera un nouvel outil de modélisation des particules désertiques. Il devrait permettre d’améliorer les prévisions de la qualité de l’air en région PACA.   

Enfin, Air PACA va conseiller l’ANPE en matière d’information de la population de Gabès. « L’information de tous est une aide majeure à la décision, pour le Comité de Concertation Local, créée récemment à Gabès et dont la première assemblée générale aura lieu le 10 mai prochain » soutient Alexandre Armengaud ; «  l’ANPE pourra donner accès aux diagnostics réalisés, faciliter la consultation par tous de prévisions en matière de qualité de l’air, informer sur les bons gestes, et partager le tableau de bord de suivi des plans et des actions en faveur d’une meilleure qualité de l’air à Gabès ».

Le phénomène des particules d’origine désertiques sera mieux connu en Provence Côte d’Azur

Gouv’airnance, en Tunisie, devrait porter ses fruits d’ici l’automne 2018. Il s’agit d’un projet soutenu financièrement par l’ANPE, Air PACA avec l’aide de l’Union Européenne et d’Expertise France.

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Le budget global est de 444 000 €. Quelques 300 000 € proviennent de l’aide européenne. Ils serviront au diagnostic de la qualité de l’air à Gabès, à la mise en place d’outils de prévisions et d’informations ainsi qu’aux travaux de recherche sur l’amélioration du transport de particules désertiques à travers la méditerranée.

Et ces financements permettront de définir également de quelle manière Gouv’airnance pourrait déboucher sur de nouvelles améliorations du système tunisien de surveillance de la qualité de l’air. Ils favorisent aussi le rôle de la concertation d’acteurs locaux qui, tous, désirent travailler avec le maximum de transparence.

« Nous souhaitons favoriser ces organes d’expression de tous les acteurs, lieux d’échanges dont nous avons en Provence, l’expérience. Ce système permet de gagner en confiance mutuelle, et d’agir ensuite ensemble, dans les faits, plus efficacement pour améliorer les situations » conclut Pierre-Charles Maria.