Le Centre de Gestion pour la Qualité de l’Air de Dakar est en place depuis 2010, et a fait émerger la préoccupation air-santé dans la capitale sénégalaise. Ses responsables en ont parlé récemment à Marseille.
« Après deux jours marqués par une forte hausse des concentrations de particules, la qualité de l'air s'est nettement améliorée pour la journée du 21 octobre » annonce le Centre de Gestion pour la Qualité de l’Air à Dakar (CGQA)… La capitale du Sénégal est jumelée avec Marseille et, le 14 octobre dernier, les responsables de la surveillance de la qualité de l’air y venaient prendre contact avec leurs homologues français, réunis à l’invitation d’Air PACA, pour des Journées Techniques de l’Air.
Pour Makhtar Diao, chef de la division environnement de la ville de Dakar, mais aussi maire adjoint de la mal nommée Hann Bel Air, « Dakar est une grande ville où s’amassent des gens qui continuent à vivre comme en milieu rural. Les problèmes sociaux ne manquent pas. » Pourtant la qualité de l’air depuis quelques années y est érigée en priorité. « Les relations avec le niveau de santé apparaissent désormais évidentes ».
« C’est en effet un enjeu de santé publique » renchérit Aminata Mbow, chef du CGQA, « Voilà pourquoi nous commençons par qualifier l’air que respirent les gens. Et à mesurer les polluants en continu ». Et le cas s’avère unique en Afrique de l’Ouest ; « pour le moment, car la Côte d’Ivoire s’y met aussi, et demande d’ailleurs pour cela notre expertise ».
La ville jumelée avec Marseille est préoccupée par la relation environnement-santé, et fait de la qualité de l’air une de ses priorités
« Dakar étouffe ! 0,28 % de la surface du Sénégal, mais qui accueille 25 % de la population du pays, et 85 % de son industrie » rappelle M. Diao, « vous comprenez que c’est un cas d’école, et une priorité absolue ».
Au départ de l’aventure du CGQAD, en 2005, il y a une étude de la Banque Mondiale qui constate à la fois une forte pollution visuelle, et une forte prévalence des maladies respiratoires chez les jeunes Dakarois. « Alarmant ! » commente Aminata Mbow.
C’est par le biais d’un programme gouvernemental d’amélioration de la mobilité urbaine que seront créés, un peu plus tard le laboratoire d’analyses des polluants atmosphériques, et le premier centre de contrôle technique des véhicules.
Rattaché aujourd’hui au Ministère Sénégalais de l’Environnement, le CGQA, teste ses premiers appareils de mesure en 2009, et publie son premier bulletin de qualité de l’air en janvier 2010.
Désormais le réseau mesure, à partir de cinq stations, les oxydes d’azote, l’ozone et les poussières fines, qui proviennent des déplacements mais aussi des sables désertiques. Couplés avec une station météo, ils permettent au CGQA de produire un bulletin prévisionnel quotidien de la qualité de l’air, « et avec la société de téléphonie orange nous allons bientôt envoyer aux abonnés des alertes pollution ».
Enjeu primordial, faire émerger la parole de la société civile pour un meilleur environnement
La jeune équipe de quatre personnes, aujourd’hui, permet « de conforter une prise de conscience de la problématique air dans notre société » estime Makhtar Diao, qui compte sur les techniciens pour informer les très nombreuses associations de défense de l’environnement que Dakar a vu naître ces dernières années. Le calcul est simple, plus la société civile s’exprime, mieux l’environnement se portera.
« Dans ce contexte, les partenariats établis en France, en particulier avec Air PACA, nous permet de revenir vers les autorités sénégalaises pour renforcer cette sensibilisation » dit-il.
D’ailleurs Dakar vient de voir sélectionner par l’Union Européenne son projet de Plan Climat Energie Air Territorial… « Nous y avons fait ajouter le « A » d’Air ! » souligne l’élu.