Chronique
21 juin 2016
Etat des lieux qualité de l’air

Particules fines : de 2700 à 4500 décès évitables en Provence

 photo foule
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L’évaluation permise par l’enquête EQIS vient de rendre ses conclusions. Sur la base de l’exposition aux poussières fines des Provençaux en 2007 et 2008, on peut affirmer que la baisse drastique de cette pollution particulaire entraînerait un gain important d’espérance de vie.

Une baisse de la mortalité totale de 10 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et de 9 %, globalement en France, voici comment pourrait se traduire un air où les particules fines présentes ne devraient rien à l’action de l’homme.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur cela représenteraient 4500 décès évités. Et si on accepte comme référence une personne âgée de trente ans, celle-ci verrait son espérance de vie augmenter de cinq mois.

Selon un scénario jugé « réaliste », une pollution particulaire modérée, par exemple en moyenne annuelle 9,2 µg/m3 dans les villes de cent mille habitants et plus – les plus polluées – feraient baisser la mortalité de 2700 décès en Provence. Selon qu’on habiterait en ville ou à la campagne, l’espérance de vie évoluerait alors à la hausse de 2 à 7 mois.

« Il y a un contraste élevé dans notre région, entre grandes villes et régions rurales, surtout de montagne » souligne toutefois le docteur Laurence Pascal, référente régionale de l’Agence Santé Publique France, pour cette étude d’Evaluation Quantitative des Impacts Sanitaires (EQIS) menée en France, sur la base de données relatives à la présence dans l’air de particules fines de 2,5 microns. Plus on vit éloigné des centres urbains à forte démographie, moins la mortalité due à la pollution atmosphérique est importante. Ce contraste important ville-campagne n’a pas d’équivalent en France, mis à part Auvergne-Rhône-Alpes.

Les particules fines sont des poussières de toute sorte, qui peuvent être des métaux, voire des particules constitués de gaz recombinés.

Faible pollution dans les Alpes, forte sur le littoral

Cette vaste enquête a porté sur une population totale de 61,6 millions de personnes, et concerne l’ensemble du territoire national métropolitain. Elle montre que les régions méridionales seraient moins impactées. Mais il faut y regarder de plus près. Là où se concentrent populations, activités et réseau routier, l’impact de la pollution particulaire est fort. En Provence, la vallée du Rhône et le littoral affichent une exposition importante aux polluants particulaires. Or un habitant sur deux en Provence, vit dans une grande ville. C’est dire l’impact important des pollutions particulaires sur leur santé.

Le cas de l’étang de Berre pourrait être pointé par l’enquête EQIS. Alors que les Provençaux sont exposés faiblement aux particules fines dans les Alpes-de-Haute-Provence avec 4,4 µg/m3 en moyenne annuelle, à l’ouest de l’étang de Berre, ils le sont à plus de 20 µg/m3 d’air.

Du moins était-ce le cas en 2007-2008, années de référence d’EQIS. Depuis, deux réflexions pourraient soit renforcer le caractère anxiogène de la situation, soit relativiser franchement celle-ci.

« Nous ne nous pouvions mesurer en 2007-2008 le black carbone, ces suies hyper fines, ces particules d’un micron pas plus, très présentes en zone industrielle, et dont on pense qu’elles traversent les tissus humains et passent dans le sang » explique le directeur d’Air PACA, Dominique Robin. « Mais d’autre part, en dix ans, les émissions de particules mesurées dans cette région ont baissé de manière continue, grâce à l’évolution des réglementations, et parce qu’une des raffineries a fermé ses portes ».

La part croissante du bois brûlé

EQIS, qui a le mérite de mettre en évidence la relation entre exposition aux polluants particulaires et mortalité, n’ a pu tenir compte non plus des polluants de plus en plus mesurés et étudiés en Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis 2008.

« La biomasse, autrement dit le bois brûlé, nous nous en apercevons, représente dans pratiquement toutes les parties de notre région, plus du tiers de la pollution particulaires durant les mois d’hiver » soutient le même Dominique Robin. Selon l’ADEME 147 000 foyers en Provence-Alpes-Côte d’Azur seraient concernés, soit qu’on y emploie une simple cheminée, soit qu’on y chauffe le logement avec un poêle à bois qui ne filtre pas les fumées.

On voit que des gains en termes d’émissions particulaires, et en termes d’espérance de vie, sont une perspective crédible. En attendant une prochaine vaste enquête sur la relation air-santé.